Christina Fon est productrice exécutive sur la série LITTLE BIRD. (photo : Gracieuseté)
(LA LIBERTÉ) June 18, 2023 — Depuis le 26 mai, il est possible de voir sur Crave et APTN une nouvelle série originale, LITTLE BIRD. Une minisérie de six épisodes dans laquelle le thème de la résilience est abordé à maintes reprises.

Retirée de sa résidence de la réserve Long Pine, en Saskatchewan, Bezhig Little Bird est adoptée par une famille juive montréalaise à l’âge de cinq ans, et devient Esther Rosenblum. Commence alors sa quête pour tenter de comprendre son identité.

Voici l’intrigue qu’offre cette nouvelle série de six épisodes d’une heure, dont des scènes ont été filmées au Manitoba, notamment à Saint-Boniface, à Sainte-Geneviève et à Brokenhead Ojibway Nation.

LITTLE BIRD est avant tout l’aboutissement d’un long projet personnel porté par, entre autres, Christina Fon, productrice exécutive depuis plus de 20 ans pour Rezolution Pictures.
« Il faut savoir que cette boîte de production est dirigée par un homme autochtone, Ernest Webb. De mon côté, je suis juive et mes parents sont des survivants de l’Holocauste. Cette histoire m’a toujours été racontée, même dans mon enfance.

« J’ai toujours rêvé de faire une série qui mêlerait la culture juive à la culture autochtone. »

L’occasion se présente
Les années passent et les projets continuent pour Christina Fon. C’est finalement en 2016 que l’occasion de réaliser ce rêve se présente. « En 2016, je faisais du développement, il y a eu un documentaire qui parlait d’une jeune fille de la Saskatchewan qui a été prise de sa famille et placée dans une nouvelle famille juive à Montréal. On s’est dit qu’on pourrait faire une série dramatique de cette histoire.

« J’ai tout de suite pensé à Jennifer Podemski qui est une réalisatrice, productrice, actrice, créatrice autochtone et juive. Son père est juif et sa mère est autochtone. Nous avions déjà travaillé ensemble sur une autre série. Elle était la personne parfaite pour développer cette série. »

Il y a eu pourtant quelques obstacles avant de voir LITTLE BIRD arriver sur le petit écran. « Nous devions partir en développement avec la CBC et pour toutes sortes de raisons, ça n’a pas pu se faire. Finalement, grâce à Jennifer Podemski, Hannah Moscovitch et Jeremy Podeswa, les scénaristes, nous avons pu retravailler sur un pilote et le présenter à Bell Média. »

Évidemment, pareil projet est un engagement personnel pour la productrice exécutive. « Cette série me tient à cœur parce que j’ai une relation personnelle à cette histoire, de par mes parents qui ont survécu à l’Holocauste. Le personnage de la mère adoptive, Golda Rosenblum, joué par Lisa Edelstein est une survivante également. Elle pense avoir fait une mitzvah (ndlr : une bonne action) en adoptant cette jeune fille autochtone. Elle l’a élevée comme sa fille, comme une femme juive et n’avait aucune idée de ce drame de la Rafle des années 1960. »

Une première conversation
Pour Christina Fon, LITTLE BIRD porte des thèmes universels. « Il y a beaucoup de réflexion dans cette série. On y aborde les thèmes de l’amour, de la famille, de la résilience et de l’espoir.
« LITTLE BIRD essaye de faire le pont entre deux cultures. C’est profondément humain. C’était un rêve d’avoir une série qui combine la culture autochtone et la culture juive, surtout dans le thème de résilience. »

Christina Fon est aussi consciente qu’une série qui aborde des thèmes aussi difficiles que l’Holocauste ou encore la Rafle des années 1960 demande une certaine sensibilité.

« C’est une série qui touche forcément très fort. J’ai fait confiance à l’équipe créative pour gérer les émotions sur le plateau. Nous étions aussi accompagnés de Zoe Hopkins et d’Elle-Máijá Tailfeathers, toutes deux Autochtones, qui ont pu appuyer les équipes de réalisation dans leurs éventuels questionnements.

« La Rafle des années 1960 a beaucoup moins été mise en avant dans le secteur télévisuel, alors on est fiers de pouvoir présenter cet aspect de l’histoire très sombre du Canada, et de pouvoir le faire avec une équipe autochtone. Cette série va sûrement commencer beaucoup de conversations sur cette période. »

Ophélie Doireau
LA LIBERTÉ
https://www.la-liberte.ca/2023/06/18/un-pont-entre-deux-cultures/